Comparees 2005

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♦ Mois de Juillet-Août ♦

Premier mouvement du concerto en sol mineur issu de L'Estro Armonico d'Antonio Vivaldi

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Savall et le Concert des Nations  Biondi et l'Europa Galante  Pinnock et l'English Concert  Hogwood et l'Academy of Ancient Music

Par ordre chronologique de parution ces différents enregistrements présentent des visions relativement opposées d'une même "montée", l'une des plus connues du répertoire vivaldien. La déception de cette écoute comparée vient de Biondi qui malgré la bonne idée de l'orgue, la puissance des cordes à leurs limites, a accepté les dégoulinements de son claveciniste. Il gâche cet enregistrement par ses rivières de notes sans aucune invention. Cela semble si irréel que l'on croirait que ce clavecin a été rajouté au montage! C'est ici le plus bel exemple de ce qui ne faut pas faire en basse continue... Pinnock lui, sait séduire, une montée propre, sobre et sereine avec une sympathique mélodie du clavecin construite en accords, c'est une version des plus réussies malgré le manque de nuances et de puissance. La surprise vient de Savall, peut à l'aise dans Vivaldi il arrive néanmoins à installer une certaine puissance retenue, mais surtout une profondeur, une amplitude manquantes aux autres enregistrements, le petit plus de la viole de gambe? Avec un luth agréable qui rajoute un peu de pincée, de staccato à cet montée. La vieille version de Hogwood n'est pas trop trahïe par le temps, les cordes sans basse continue (au début) jouent sur les nuances. Du calme mais pas la plénitude de Savall ou de Pinnock, il manque notamment le staccato prescrit par Vivaldi et un peu d'engagement de la part des interprètes qui laissent aller leurs archets dans une certaine lenteur. Mollesse en perspective...

 

♦ Mois de Septembre ♦

Gavotte du premier concert royal de François Couperin

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Kuijkens Kohnen Schaeftlein  Claire Moroney Ter Linden  Savall et le concert des nations

Les disparités techniques concernant les enregistrements étant flagrantes je préfère m'attacher au jeu des interprètes. Le tempo et le style gavotte (une danse) sont les plus reconnaissables dans le récent enregistrement de Jordi Savall. Légèreté et finesse du jeu contribuent à l'équilibre sonore marqué par les aigus cristallins du clavecin peu épais. Le choix du hautbois fut aussi celui des pionniers du baroque en 1971, le son est moins charmeur, plus brut mais il a son zeste d'authenticité. La basse continue est rondement menée par un basson un peu plus énergique que chez Savall et un clavecin plus charnu. Le choix de la flûte traversière est plus contestable. On ne perçoit presque pas la basse continue floue et opaque avec un violoncelle inadapté. Vite joué, la danse perd de son âme et l'auditeur perd lui du plaisir à l'écoute. Un peu plus d'implication de la part des interprètes eut été souhaitable... (2nde version)

 

♦ Mois d'Octobre ♦

Larghetto de la sonate en la mineur pour flûte à bec et basse continue de Haendel.

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Frans Brüggen Teldec 1962 Frans Brüggen Seon 1974 Dan Laurin Jean-Pierre Nicolas Dorothée Oberlinger

Il est toujours intéressant de comparer 2 versions d'une même oeuvre enregistrée à des époques distantes. Ainsi la vision de Brüggen de toutes les sonates de Haendel évolué énormément. Bien sûr sa technique, son expérience (avec les sonates et la suite en la mineur de Telemann, ces sonates sont ses premiers enregistrements) augmentent mais sa musicalité en 1974 le pousse à éviter toute ornementation. La sagesse et la rigueur semblent prédominer. On gagne toutefois en beauté du son: un vibrato désastreux, un clavecin Neupert et une tendance à accélérer entachent la version de 1962. Beaucoup plus tard, ces sonates, étant devenues des pièces de choix pour les flûtistes, sont fréquemment enregistrées. La "la mineur" figure parmi les plus belles sonates avec l'incontournable "ré mineur" et ses 7 mouvements. Le larghetto qui permet de donner libre cours à l'imagination de l'interprète inspire, comme souvent, le flûtiste suédois Dan Laurin. Magnifiquement accompagné par les frères Suzuki il invente de splendides phrases et ne se contente pas de rajouter quelques trilles ou notes intermédiaires. Toute aussi belle la version de Nicolas reste plus sage avec un clavecin moins présent et de belles interventions du violoncelle de Bruno Cocset. On profitera du magnifique son rond de la flûte de Frédéric Morgan. Dorothée Oberlinger, quant à elle, fait le choix d'une basse continue réduite à un seul clavecin. Très bien tenu par Alexander Puliaev, il offre de belles basses mais ne suffit pas à combler le vide laissé par l'absence de violoncelle. La flûte moins élégante que chez Laurin et Nicolas fait également preuve de moins d'imagination. Mais il faut découvrir cette flûtiste dans les autres sonates où elle est plus richement accompagnée.

 

♦ Mois de Novembre ♦

L'air du génie du froid issu de King Arthur de Henry Purcell

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Deller et Maurice Bevan  Gardiner et Stephen Varcoe  Christie et Mark Padmore  Niquet et Peter Harvey

Alfred Deller le pionnier, puis 2 grandes versions de l'oeuvre par Gardiner et Christie, et enfin le petit dernier qui ne démérite pas, Hervé Niquet. Voila 4 versions du célèbre air du froid de Purcell. Joué et rejoué il est mis à toutes les sauces (écouter Klaus Nomi dans son mythique arrangement) ici les différences tiennent dans le tempo (2 rapides (Gardiner et Niquet) et 2 lents (Deller et Christie)) dans l'accompagnement (puissance des cordes, présence d'un clavecin ou non, articulations...) et bien sûr dans la ligne mélodique chantée. Et cela constitue l'objet principal de l'écoute comparée. Le choix du tempo détermine la façon de chanter ainsi, les versions lentes présentent un génie du froid fatigué, proche de la mort qui dans un dernier souffle lance qu'on le laisse tranquille. Dans ce registre Mark Padmore est saisissant, son "Let me free" est poignant et le "death" final sonne vraiment la fin du génie. Maurice Bévan ne fait pas pâle figure mais il semble un peu étouffé par la trop grande présence des cordes et du clavecin (seule version qui en possède). D'autant plus que sa diction assez appuyée et lyrique de "let me free" contribue avec la réverbération assez importante à une musique assez brouillonne et pas aussi nette que chez ses 3 successeurs. Mais l'émotion quoi qu'il en soit est au rendez-vous. Niquet propose quant à lui des cordes acides qui tombent comme des stalactites à une vitesse foudroyante. Il pense que le génie est un vieillard qui joue la comédie et qui se met en scène. Peter Harvey avec une voix puissante répond dans l'urgence, le génie donne un ordre, il ne supplie plus. Une autre version de cet air. Face à toutes ces personnalités bien affirmées Stephen Varcoe chez Gardiner semble plus neutre et assez pâle. Une version qui fait un compromis entre les versions suppliantes de Deller et Christie et l'autorité souveraine de Niquet. De beaux aigues et un beau crescendo. Une respiration vraiment peu discrète entache un peu cette version avec pourtant une diction propre.

 

♦ Mois de Décembre ♦

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Pierlot et Scimone Holliger et I Musici Grazzi et Il Giardino Ponseele et Il Gardellino

Le plus célèbre adagio pour hautbois présenté ici sur hautbois moderne et baroque. Pierlot pionnier, ne peut rivaliser avec son successeur, le talentueux Heinz Holliger. Le son plus beau, plus rond, plus gracieux et l'accompagnement plus baroque donne cette version moderne vainqueur. Chez les baroqueux purs et durs c'est une autre affaire. Si Marcel Ponseele conserve les ornements de Bach, Paolo Grazzi lui improvise. C'est bienvenu et cela donne une nouvelle fraîcheur à ce mouvement d'autant plus que le tempo choisi est l'un des plus rapides de la discographie. Cette version est plus "chambriste" et donne moins un effet de cathédrale comme chez Ponseele. Celui-ci a le plus joli son (magnifiques decrescendos) et fait des ornements maîtrisés et gracieux. Une basse continue plus présente n'alourdit pas le discours (confiée à un théorbe et orgue positif chez Grazzi)

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